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ADDE, ANAFÉ, GISTI, LDH, SAF et SM *
Non à une justice d'exception
pour les étrangers
17/02/2005 Les ministères
de l'Intérieur et de la Justice, avec l'aval du Conseil d'État,
procèdent actuellement à des consultations sur un projet
consistant à faire juger par un juge unique le contentieux des
refus de titres de séjour, et même de l'ensemble des décisions
individuelles concernant les étrangers, à l'exclusion
des mesures d'expulsion.
Abandonner la collégialité, c'est renoncer à une
garantie essentielle pour le justiciable, sans que l'urgence - comme
dans les procédures de référé ou le contentieux
de la reconduite à la frontière - le justifie.
Ce projet se situe dans le prolongement des réformes successives
qui n'ont fait que renforcer le caractère d'exception du contentieux
des étrangers :
-
création en novembre 2000 d'un recours préalable
devant une Commission chargée de filtrer les recours devant
le Conseil d'État contre les refus de visas d'entrée
en France (dès sa mise en place ce contentieux a connu une
« sensible diminution » de 1383 affaires en
2000 à 575 en 2001) ;
-
réforme du Code de justice administrative afin de permettre
à un magistrat administratif de déclarer manifestement
irrecevable les requêtes contre les arrêtés de
reconduite à la frontière sans audience, privant l'étranger
de tout moyen de se défendre (décret 29 juillet
2004, applicable au 1er janvier 2005) ;
-
transfert de la compétence pour contrôler les reconduites
à la frontière des étrangers en rétention
administrative au tribunal dans le ressort duquel est situé
le centre de rétention, et non du domicile de l'intéressé,
ce qui l'empêche matériellement d'organiser sa défense
s'il est placé dans un centre éloigné de chez
lui (décret du 29 juillet 2004, applicable au 1er janvier
2005) ;
-
transfert, suite à l'affaire de l'imam Bouziane, de la
compétence pour connaître des arrêtés
ministériels d'expulsion au tribunal administratif de Paris
- manifestation de défiance envers les tribunaux administratifs
de province (décret du 2 septembre 2004, applicable au 1er
octobre 2004).
L'argument selon lequel le contentieux des étrangers qui représente,
en volume, près de la moitié des requêtes portées
devant les juridictions administratives, serait l'un des principaux
facteurs d'encombrement de ces tribunaux, n'est pas recevable. Personne,
jusqu'à présent, n'a parlé de soumettre à
un juge unique l'intégralité du contentieux fiscal ou
de la fonction publique sous prétexte qu'ils représentent
une part prépondérante du contentieux administratif.
Nous demandons par conséquent l'abandon de ce projet, dangereux
pour le respect des droits des étrangers déjà trop
souvent soumis à l'arbitraire. Si l'on veut vraiment faire régresser
le volume du contentieux administratif concernant les étrangers,
plutôt que de mettre en place une justice expéditive et
supprimer des garanties, mieux vaudrait se préoccuper d'en supprimer
les causes qui sont à rechercher dans une législation
toujours plus répressive et dans des pratiques administratives
peu soucieuses du respect des droits individuels, quand elles ne sont
pas tout simplement illégales.
Le 17 février 2005
Signataires : ADDE
(Avocats pour la Défense du Droit des Etrangers), ANAFÉ
(Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers),
GISTI (Groupe d'information et de soutien des
immigrés), LDH (Ligue des droits de l'Homme),
SAF (Syndicat des Avocats de France),
SM (Syndicat de la Magistrature).
Le communiqué
au format A4
(pdf, 33 ko)
Dernière mise à jour :
17-02-2005 10:59
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Cette page : https://www.gisti.org/
doc/actions/2005/juge-unique/index.html
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