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ANAFÉ
Association nationale d'assistance aux frontières
pour les étrangers
Graves violences
en zone d'attente
24/02/2005 De très
graves allégations de violences policières ont été
recueillies par lAnafé sur le renvoi de quatre Congolais
et dun Camerounais depuis la zone dattente de Roissy Charles
de Gaulle. Ces cinq étrangers venus séparément
se sont vu refuser ladmission en France, après une demande
dasile pour trois dentre eux. Les témoignages précis
font état des conditions dans lesquelles ils ont tous été
traités, samedi 19 février, par lescorte policière
chargée de les conduire à lavion qui devait les
acheminer à Libreville pour quatre dentre eux, à
Bangui pour le cinquième.
Avant même dembarquer dans la camionnette qui devait les
conduire jusquà lavion, ces cinq personnes (deux
femmes et trois hommes) disent avoir été menottées
les bras dans le dos, et ligotées aux chevilles et aux cuisses.
Une des deux femmes se serait vu refuser la possibilité daller
aux toilettes avant ce ligotage. Cette jeune femme, B.L, affirme avoir
subi des violences et des injures de la part dune policière,
qui lui aurait donné des gifles et des coups de pieds avant de
lui cogner la tête contre les parois du camion. Une fois arrivée
sur le tarmac, elle aurait été soulevée et jetée
à terre depuis la camionnette. Comme elle hurlait, les policiers
lauraient dans un premier temps maîtrisée en se jetant
sur elle et en sasseyant sur son dos pour lui maintenir la tête
entre leurs jambes, avant de décider de la renvoyer en zone dattente.
Les trois autres Congolais ont été portés dans
lavion, remis à des policiers gabonais chargés de
les escorter jusquà larrivée.
K.M, criait quelle avait mal aux poignets. Les policiers gabonais
auraient pris la décision de la coller au siège et auraient
demandé aux policiers français de leur fournir du scratch.
Ils auraient ensuite, parce quelle ne se taisait pas, commencé
à lui donner des gifles et des coups de poing. Ce nest
que sur lintervention du commandant de bord, qui sest opposé
à lembarquement de la jeune femme sur son vol, que ces
agissements auraient cessé et que les quatre personnes ont été
débarquées pour être ramenées en zone dattente,
non sans avoir subi de nouvelles violences dans la camionnette.
Le médecin de la zone dattente a
établi un certificat médical de deux
pages, attestant des nombreuses violences subies par K.M, quil
a décrite comme « psychologiquement très
choquée et physiquement percluse de douleurs de lensemble
du corps lempêchant de se lever sans aide de son lit et
marchant à très petit pas ». Il a également
prononcé une incapacité totale de travail (au sens
pénal) de 15 jours.
Si, sur la base de ces témoignages et de ce certificat médical
accablant, une plainte a été déposée auprès
du procureur de la République, il est peu probable que K.M et
ses compagnons dinfortune en connaissent les suites. Car dès
le 21 février, coupant court à toute possibilité
de réaction, la PAF lexpulsait à Libreville avec
trois dentre eux. Le quatrième, W.E, est en attente
de départ imminent. Il est très choqué par ce quil
dit avoir subi, dont il a longuement parlé à lAnafé,
et sest également fait établir un certificat médical
qui atteste de traumatismes patents.
Une fois de plus, malgré des certificats médicaux et
des saisines du procureur de la république, les autorités
ont ouvertement fait « disparaître » les traces dagissements
graves commis par des policiers en expulsant leurs victimes. LAnafé,
qui tient à disposition les témoignages des personnes
citées, demande quune enquête soit ouverte et que
ses résultats soient rendus publics. Il serait opportun que W.E,
seul témoin encore en zone dattente, soit admis sur le
territoire dans le cadre de cette enquête.
Le 23 février 2005
Le médecin précise quil a vu une personne psychologiquement
très choquée et physiquement percluse de douleurs de lensemble
du corps lempêchant de se lever sans aide de son lit et
marchant à très petit pas.
A lexamen clinique, celui-ci a pu observer de nombreuses ecchymoses
récentes violacées sur différentes parties du corps
ainsi que des érosions :
-
sur le visage : ecchymose de 3 cm de diamètre et sur la
paupière un hématome en bande horizontale de 2 cm
x 0,5 cm
-
sur le cou, sur le côté gauche hématome en
bande horizontale de 11 cm x 2 cm avec un hématome à
la jonction cervico-thoracique
-
sur le côté droit, hématome en plusieurs taches
sétalant horizontalement sur 5 cm dont la marque la
plus grande fait 2,5 cm de diamètre avec une tache en dessous
-
à laisselle gauche, à sa partie antérieure
ecchymose très marquée composées de multiples
taches dont lune polylobée de 13 cm x 5 cm avec en
dedans dautres taches ecchymotiques au nombre de 4 marquant
limpact de serrage de doigts ; on observe une autre tache
ecchymotique à la partie latérale du thorax, sous
laisselle
-
à laisselle droite, à sa partie antérieure,
ecchymose verticale de 9 cm x 4 cm avec sous laisselle et
se prolongeant derrière des érosions en griffure de
3 cm de longueur mettant le derme à nu.
-
à labdomen et au flanc, cette dame se plaint davoir
reçu des coups de pieds et de poing et de souffrir des flancs
et des deux fosses iliaques sans marque visible
-
au poignet droit et main droite, érosion de faible profondeur
et contusion de la partie radiale de la partie inférieure
de lavant-bras sur 8 cm de hauteur. Ecchymose douloureuse
en relief du dos de la main dun diamètre de 4 cm
-
au pouce droit, décollement de lextrémité
de longle
-
au poignet gauche, contusion douloureuse avec hématome à
la partie radiale du poignet et de la partie inférieure de
lavant-bras sur une longueur de 9 cm x 2 cm
-
au genou droit hématome bien circonscrit de la face intérieure
de la rotule de 5 cm x 2 cm
-
à la jambe droite hématome de 4 cm de diamètre
-
au pied droit hématome douloureux de 5 cm de diamètre
-
à la jambe gauche, un hématome de 4,5 cm x 2 cm
et un autre de 3,5 cm sur la face interne
Voir aussi :
Dernière mise à jour :
24-02-2005 12:24
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Cette page : https://www.gisti.org/
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