COMMUNIQUÉ
FIDH, GISTI, LDH
Couverture médicale des sans-papiers
:
la France rappelée à l'ordre
par le Conseil de l'Europe
13/03/2005
Le Comité des droits sociaux du Conseil
de l'Europe vient de rendre publique sa décision du 3 novembre
2004 sur les réformes françaises relatives à l'aide médicale d'Etat
(AME) et à la couverture maladie universelle (CMU) : il épingle
la France, rappelant que les sans papiers et leurs enfants doivent bénéficier
d'une assistance médicale effective, conformément à la Charte sociale
européenne.
Les collectifs budgétaires de 2002
et 2003 ont profondément réformé le système de santé des étrangers en
situation précaire de séjour, l'AME et la CMU [1].
Pour la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH),
le Groupe d'information et de soutien des immigrés (GISTI) et la Ligue
des droits de l'Homme (LDH), ces réformes ont profondément amputé la
couverture maladie des sans papiers et mis en cause leur accès effectif
aux soins. Face à ce qu'elle considérait comme des violations de la
Charte sociale européenne, la FIDH a déposé, en collaboration avec la
LDH et le GISTI, une réclamation
en 2003 auprès du Comité européen des droits sociaux du Conseil de l'Europe
afin d'obtenir la constatation officielle de ces dénis de droits. C'est
enfin chose faite : la procédure vient d'aboutir et la décision rendue
par ce Comité d'experts chargé de veiller au respect de la Charte sociale,
affirme, sans ambiguïté, que la protection de la Charte doit aussi profiter
aux personnes en situation irrégulière, il en va de « l'essence »
et de « l'objectif
général de la Charte ».
Il s'ensuit que le gouvernement français
ne saurait porter atteinte à la dignité humaine, dont l'accès aux « soins
de santé constitue un préalable essentiel » et doit accorder
un droit à l'assistance médicale à tous « les ressortissants
étrangers, fussent-il en situation irrégulière ».
Avec ces mises au point, c'est un pas
important qui a été franchi vers la reconnaissance de l'égalité des
droits qui vient d'être accompli en faveur de tout être humain, indifféremment
à sa situation administrative. La jouissance des droits sociaux fondamentaux
est enfin déconnectée des préoccupations de politiques migratoires.
Concrètement, le Comité reconnaît l'imprécision
du concept « d'urgence mettant en cause le pronostic vital »
qui ouvre droit à une prise en charge immédiate et revèle la nébuleuse
entourant l'autorité compétente pour en décider. Il souligne également
les « difficultés dans la mise en ouvre pratique »
des dispositions du système de l'AME. Et ce n'est que « dans
le doute » que la violation du droit à l'assistance médicale
est écartée.
La position du Comité des droits sociaux
du Conseil de l'Europe est nettement plus catégorique à l'égard du sort
réservé aux enfants isolés ou à charge de sans-papiers par le dispositif
de l'AME puisqu'est reconnue une violation flagrante de la Charte sociale.
Le droit des enfants et adolescents à une protection sociale, juridique
et économique est purement et simplement bafoué par la législation française
qui les écarte de la couverture maladie de droit commun et conditionne
leur prise en charge à une durée de résidence préalable de 3 mois.
A la suite de cette décision du Conseil
de l'Europe, le gouvernement français préparerait une lettre circulaire,
aux dires du Comité des ministres du Conseil de l'Europe réuni le 2 mars
2005 [2]. La
FIDH, le GISTI et la LDH considèrent qu'après avoir longuement hésité
à adopter les textes d'application des réformes 2002 et 2003, le gouvernement
français ne devrait plus tergiverser ni poursuivre le démantèlement
du système maladie des plus démunis. Mieux, il devrait retirer ces mesures
restrictives, rétablir les droits des enfants et intégrer l'ensemble
des être humains résidant en France dans une couverture sociale véritablement
universelle. C'est seulement à ces conditions que, selon nos organisations,
la France s'acquitterait des obligations de garantir le droit à la santé
qu'elle a contractées en adhérant au système de la Charte sociale européenne.
Paris, le 13 mars 2005
Notes
[1]
Voir dossier
de presse Médecins du monde, Médecins sans frontières,
Samu Social et Comede, juin 2004
[2]
«
Les Délégués chargent le Secrétariat de
préparer un projet de résolution pour examen lors de l'une
de leurs prochaines réunions, une fois que la lettre circulaire
du Gouvernement français aura été signée.
»
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Dernière mise à jour :
14-03-2005 18:17
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Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2005/ame/index.html
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