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COMMUNIQUÉ
Multiples protestations
de sans-papiers et de demandeurs d'asile :
Surdité et répression
comme seule politique ?
06/05/2005 À Paris, des sans-papiers, qui avaient auparavant vainement multiplié d'autres formes de protestation, manifestent leur désarroi au moyen d'une très longue grève de la faim. Il y a quelques mois, c'était à Lille que d'autres sans-papiers avaient dû utiliser le même moyen. A Tours, ce sont des demandeurs d'asile à la rue qui occupent l'université pour dénoncer leur situation de SDF obligés. Une nouvelle révolte de sans-papiers surgit à Poitiers.
Face à cette situation de crise, le gouvernement refuse tout : l'écoute des collectifs de sans-papiers, comme la discussion avec des organisations qui souhaitent lui exposer leur position. Sous couvert de compassion humanitaire, il se contente d'essayer de casser la protestation en faisant conduire les grévistes de la faim à l'hôpital pour un examen de santé, en espérant qu'ils y resteront. Il qualifie aussi les soutiens des grévistes, accusés d'encourager leur forme extrême de lutte, d'irresponsables.
Or, il est, avec ses prédécesseurs, largement responsable de la crise. Non seulement il s'inscrit dans la continuité d'une politique qui, depuis une vingtaine d'années, ne cesse de susciter des mouvements de même nature - grèves des demandeurs d'asile de 1991 ; mouvement national des sans-papiers de 1996-1997, pour ne citer que les plus célèbres -, mais il multiplie les difficultés et les impasses. Par sa réforme des règles de l'entrée, du séjour et de l'éloignement des étrangers de novembre 2003, il a globalement considérablement renforcé la fermeture sélective des frontières et rendu plus aléatoires que jamais les possibilités d'attribution et même de renouvellement de titres. Par sa réforme de l'asile, par l'accélération des procédures à l'OFPRA et à la CRR, par la résorption d'un "stock" de près de 100 000 anciennes requêtes, il fabrique de nouveaux sans-papiers à la chaîne. Par l'insuffisance notoire de sa politique d'hébergement des demandeurs d'asile, il continue à clochardiser des milliers de requérants et à dissuader d'autres milliers de solliciter l'asile.
L'actuel ministre de l'Intèrieur apporte sa touche personnelle à cet arsenal en systématisant la chasse aux familles et aux enfants jusque dans les écoles, et en établissant des quotas d'expulsions comme on budgétise des recettes d'amendes de stationnement.
Allons-nous, une fois de plus, assister au récurrent et douloureux enchaînement de l'aveuglement politique et du désespoir social ?
Faudra-t-il que, comme par le passé, se produise encore une crise majeure ou qu'interviennent de dramatiques accidents pour que le gouvernement sorte de sa surdité et de son mutisme ?
Paris, le 6 mai 2005
Voir aussi :
Dernière mise à jour :
12-05-2005 10:37
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Cette page : https://www.gisti.org/
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