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COMMUNIQUÉ
Mineurs étrangers isolés
:
Protégés aujourd'hui,
sans-papiers demain ?
16/06/2004
La loi du 26 novembre 2003 relative à
la maîtrise de l'immigration, au séjour des étrangers
et à la nationalité a modifié les règles
d'acquisition de la nationalité française pour les mineurs
étrangers confiés aux services de l'aide sociale à
l'enfance. Depuis l'entrée en vigueur de cette loi, ces jeunes
ne peuvent plus obtenir la nationalité française s'ils
n'ont pas été confiés à l'aide sociale à
l'enfance avant l'âge de quinze ans. Elle leur a retirer cette
possibilité sans rien prévoir en remplacement.
Le RIME vient d'adresser un courrier
à M. Dominique De VILLEPIN, Ministre de l'Intérieur, pour
lui demander de combler ce « vide juridique »,
incompatible avec l'article 3-1 de la Convention internationale sur
les droits de l'enfant qui dispose que « dans toutes les
décisions qui concernent les enfants, qu'elles soient le fait
des institutions publiques ou privées de protection sociale,
des tribunaux, des autorités administratives ou organes législatifs,
l'intérêt supérieur de l'enfant doit être
une considération primordiale ».
Désormais, à l'exception de ceux qui ont déposé
une demande d'asile et qui peuvent espérer obtenir une réponse
positive, tous les mineurs étrangers pris en charge par l'aide
sociale à l'enfance après l'âge de quinze ans n'ont
plus aucune perspective à leur majorité. Ce qui a conduit
de nombreux conseils généraux à demander à
leurs services de ne plus signer de contrat « jeunes majeurs »
car ils estiment qu'il est désormais inutile de continuer un
suivi éducatif pour des jeunes sans avenir en France. Les formations
commencées, parfois depuis des années, sont interrompues,
les prises en charges cessent brusquement laissant à la rue de
nombreux jeunes. Privés d'autorisation de travail, les seize/dix-huit
ans ne peuvent plus entrer en formation professionnelle. Ils sont alors
renvoyés à la clandestinité, à l'errance,
aux trafics ou à la délinquance. Cette absence de perspective
a aussi des conséquences psychologiques très graves :
problèmes de comportement et/ou psychiatriques, tentatives de
suicide, mal-être renforcé par l'impossibilité d'investir
un projet sur le long-terme.
Tout en continuant de penser que l'attribution de la nationalité
française était le meilleur outil d'intégration
pour tous ces jeunes étrangers isolés et/ou en danger
sur le sol français, le RIME demande la mise en place d'un statut
protecteur ouvrant droit au travail, à la formation professionnelle
et leur garantissant un droit au séjour pérenne sur le
territoire français. Seule la délivrance de plein droit
d'une carte de résident, valable dix ans, à tous les jeunes
étrangers ayant fait l'objet d'une mesure de protection judiciaire
ou administrative peut régler ce problème.
Une carte de résident et non une carte de séjour temporaire
car il est difficile pour un jeune étranger, par exemple, de
trouver un stage de longue durée ou un emploi stable, de signer
un bail de location ou de contracter un prêt bancaire avec une
carte de séjour d'un an, surtout quand sa date d'expiration approche.
Le RIME a bien conscience que cette réforme nécessite
une modification législative qui ne peut être immédiate.
C'est pourquoi, il demande aussi au Ministre de l'Intérieur de
donner le plus rapidement possible des instructions aux préfets
pour que des titres de séjour soient remis à tous les
jeunes qui sont actuellement dans cette situation.
Copie de cette lettre au Ministre de l'Intérieur a été
adressée à Monsieur Jean-Louis BORLOO, Ministre de l'Emploi,
du Travail et de la Cohésion sociale et à Madame Catherine
VAUTRIN, Secrétaire d'Etat à l'Intégration et à
l'Egalité des chances, auprès du Ministre de l'Emploi,
du Travail et de la Cohésion sociale.
Paris, le 16 juin 2004
Membres
de RIME : ANAS (Association Nationale des Assistants
de service Social), Cimade (service cuménique
d'entraide), CTS (Collectif des Travailleurs
sociaux pour l'insertion des mineurs et jeunes majeurs étrangers),
Collectif des travailleurs sociaux de Moselle, Collectif M.I.E. 37,
Educs en colère, France Libertés, GISTI (Groupe
d'Information et de Soutien des Immigrés), LDH (Ligue
des Droits de l'Homme), MRAP (Mouvement contre
le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples), Association
PRIMO LEVI, RAJFIRE - Maison des femmes, SNPES-PJJ/FSU, SAF (Syndicat
des Avocats de France), SEDVP (Syndicat des Etablissements
Départementaux de la Ville de Paris).
Voir aussi :
Dernière mise à jour :
17-06-2004 12:22
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Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2004/rime/index.html
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