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COMMUNIQUÉ
Inégalités et pauvreté
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le Bip 40 repart à la hausse
07/06/2004
Le PIB augmente
les inégalités
aussi. Après une période d'embellie (2000-2001), qui a
permis de stopper la montée des inégalités et de
la pauvreté, celles-ci sont fortement reparties à la hausse
à partir de 2002. C'est ce que montre la nouvelle édition
du « Bip 40 », le Baromètre des inégalités
et de la pauvreté que publie désormais le Rai (Réseau
d'alerte sur les inégalités) sur son site internet :
www.bip40.org
Avec la première édition du Bip 40, publiée au
printemps 2002, l'indicateur de pauvreté et d'inégalités
montrait une dégradation généralisée de
la cohésion sociale en France entre 1983 et 2000. Les chiffres
maintenant publiés montrent une amélioration en 2000 et
2001, notamment grâce à la reprise de l'emploi et à
certaines politiques publiques (Couverture Maladie Universelle, réforme
de la justice).
La hausse du Bip 40 en 2002 est donc une mauvaise nouvelle. Qui n'est
pas surprenante : la remontée du chômage, l'augmentation
du nombre des ménages très riches, l'explosion du nombre
de détenus dans les prisons françaises, l'accroissement
des écarts d'espérance de vie entre cadres et ouvriers,
etc., ont contribué à faire remonter l'indicateur.
Alors que les chiffres du Dow Jones et du Cac 40 sont présents
sur tous les médias, la mesure des inégalités et
de la pauvreté est largement absente du débat public.
Les derniers chiffres officiels sur les inégalités de
revenus en France sont largement dépassés puisqu'ils datent
de 1997. Pire encore : les chiffres officiels sur le taux de pauvreté
sont biaisés, notamment parce qu'ils ne prennent guère
en compte les revenus du patrimoine qui ont explosé depuis une
quinzaine d'années. L'Insee affiche ainsi, contre toute évidence,
une baisse du taux de pauvreté en France, de 7,1 % en 1984
à 6,1 % en 2001. Il y a vraiment de quoi se scandaliser
de la pauvreté
des informations sur les inégalités
de revenus, de logement, de santé, d'éducation, et sur
les discriminations de toutes sortes qui déchirent le tissu social.
La question des inégalités et de la pauvreté doit
prendre enfin la place qui lui revient dans le débat public.
Pour créer l'indice Bip 40, le Rai s'est inspiré
des méthodes alternatives développées pour mesurer
le bien-être et le développement humain. Ce baromètre,
qui recense plus de 60 séries statistiques, embrasse les principaux
champs concernés par les inégalités et la pauvreté
: travail, revenus, justice, logement, éducation, santé.
Il trace la courbe suivie par les inégalités et la pauvreté
depuis 1983 : une flambée jusqu'en 1990, puis une brève
stabilisation au tournant des années 90, avant une nouvelle aggravation
entre 1992 et 1999. L'indicateur s'est ensuite stabilisé puis
a baissé : le retour provisoire d'une croissance forte a permis
de commencer à inverser la vapeur. Mais l'embellie a été
de courte durée : dès le début de 2002, les ANPE
et les prisons se sont remplies à nouveau, les expulsions de
locataires se sont multipliées, tandis que les chômeurs
voyaient leurs droits s'effriter et que les demandeurs d'asiles étaient
de plus en plus systématiquement refoulés.
Le Bip 40 le montre en détail : ce constat d'échec vaut
dans la plupart des domaines étudiés. Certes l'espérance
de vie continue à s'améliorer, le niveau moyen du revenu
par tête à progresser, et les dépenses sociales
à augmenter, même faiblement. La société
française continue donc globalement à s'enrichir. Mais
en même temps, la démocratisation de l'école s'est
interrompue ; le seul impôt redistributif, l'impôt sur le
revenu, est réduit chaque année ; le nombre de personnes
survivant grâce aux minima sociaux demeure proche de niveaux records
; les loyers ne cessent de flamber, et les ménages surendettés
sont de plus en plus nombreux.
Sur le site www.bip40.org, chacun
pourra désormais disposer régulièrement d'un point
de repère, à la méthodologie claire et transparente.
D'ores et déjà, la publication d'une première estimation
du Bip 40 pour l'année 2003 est prévue pour l'automne
2004 ; les indicateurs déjà disponibles montrent qu'il
ne faut guère s'attendre à une amélioration.
Le Réseau espère que le Bip 40 contribuera également
à jeter la lumière sur les nombreuses lacunes du système
statistique français concernant les inégalités
et la pauvreté, afin d'y remédier.
le 24 mai 2004
Qu'est-ce que
le Réseau d'alerte sur les inégalités (Rai)
?
Le RAI regroupe des chercheurs (sociologues, économistes,
juristes
), des militants d'associations comme Droit au logement
(Dal), Agir ensemble contre le chômage (AC !), Points Cardinaux,
Raisons d'Agir ou le Groupe d'information et de soutien des immigrés
(Gisti), de syndicats comme le Syndicat unifié des impôts
(Snui - Groupe des 10), la Fédération des Finances
CGT, le syndicat CGT de l'Insee... Il analyse les politiques publiques
pour y débusquer ce qui concourt à l'aggravation
de l'exclusion, afin de fournir des arguments aux mouvements qui,
sur le terrain, luttent contre elle. Il a ainsi travaillé
à des contre-propositions pour la loi contre les exclusions,
le surendettement, l'épargne salariale, la couverture maladie
universelle (CMU), la fiscalité ou la prime pour l'emploi.
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www.bip40.org
Dernière mise à jour :
8-06-2004 15:15
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Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2004/rai/index.html
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