|
|
Sida :
les préfectures jouent à la roulette russe avec les étrangers
10/08/2004
En novembre 2003, l'ODSE alertait sur
les refus de délivrance de titres de séjour opposés
par l'administration française à des étrangers
séropositifs au vih avec une question qui ne se voulait pas prémonitoire
: « Sida : à quand les reconduites à la
frontière ? »
En juillet 2004, l'ODSE a eu connaissance, dans la même semaine,
de trois tentatives, dont une est allée jusqu'au bout, de renvoi
dans leurs pays d'origine d'étrangers séropositifs au
VIH :
-
Le 22 juillet, la préfecture des Pyrénées
Atlantiques a pris un arrêté de reconduite à
la frontière à l'encontre d'une personne de nationalité
algérienne séropositive au vih et l'a placée
en rétention administrative dans le but de la renvoyer vers
l'Algérie ; il a fallu attendre que le tribunal administratif
de Pau annule la mesure de reconduite pour que cette personne soit
libérée.
-
Le 19 juillet, la préfecture de police de Paris a pris
un arrêté de reconduite à la frontière
à l'encontre d'une personne de nationalité argentine
séropositive au vih et l'a placée en rétention
administrative dans le but de la renvoyer en Argentine ; il a fallu
attendre que le tribunal administratif de Paris annule la mesure
de reconduite pour que cette personne soit libérée.
-
Le 15 juillet, la préfecture de Seine et Marne a renvoyé
une personne de nationalité camerounaise séropositive
au vih après que le tribunal administratif de Melun a confirmé
la mesure de reconduite à la frontière.
Dans ce dernier cas, les autorités françaises doivent
dans les plus brefs délais assurer à cette personne son
retour en France. Plus se prolongera son interruption de traitement
consécutive à son éloignement, plus seront importants
les risques d'aggravation de son état de santé. L'immobilisme
de l'administration est scandaleux et ne fait qu'accroître sa
responsabilité dans la mise en danger de la vie de ce malade.
La décision du Tribunal Administratif de Melun est inacceptable
à de multiples égards, mais nous sommes tout autant alarmés
de voir se multiplier les placements en rétention administrative
d'étrangers séropositifs pourtant protégés
par l'article 26-5° de l'ordonnance du 2 novembre 1945 modifiée.
Dans les trois cas, c'est en pleine connaissance de la séropositivité
des intéressés que l'administration a délibérément
cherché à les renvoyer dans leur pays d'origine. Il est
visible que les préfectures n'hésitent plus à tenter
leur « chance » pour expulser des étrangers
malades. Inutile pour elles de vouloir chercher une caution dans le
contrôle du juge administratif, alors que ces pratiques sont manifestement
contraires à la loi et engagent leur pleine responsabilité.
L'ODSE demande :
-
Le retour en France dans les plus brefs délais, de la personne
camerounaise renvoyée le 15 juillet dernier ;
-
La pleine application de l'article 26-5° de l'ordonnance du
2 novembre 1945 modifiée qui protège les étrangers
malades de l'éloignement du territoire français ;
-
La pleine application de l'article 12 bis 11° de l'ordonnance
du 2 novembre 1945 modifiée qui prévoit la délivrance
de plein droit d'une carte de séjour temporaire aux étrangers
malades ;
-
La dénonciation par les ministères de l'Intérieur
et de la Santé des pratiques de renvoi et de tentatives de
renvoi d'étrangers malades, que les préfectures voudraient
aujourd'hui banaliser.
Paris, le 9 août 2004
Signataires : ACT UP Paris, AFVS (Association des familles victimes
de saturnisme), AIDES, ARCAT, CATRED (Collectif des accidentés
du travail, handicapés et retraités pour l'égalité
des droits), CIMADE, GISTI (Groupe d'information et de soutien des immigrés),
Médecins du Monde, MRAP (Mouvement contre le racisme et pour
l'amitié entre les peuples), PASTT (Prévention action
santé travail pour les transgenres), Sida Info Service, Solidarité
Sida.
ODSE C/o Sida Info Service, 190 Bd de Charonne, 75020 PARIS
www.odse.eu.org et e-mail : odse@lalune.org
Ce document est téléchargeable ici
au format A4
(pdf, 111 ko)
Dernière mise à jour :
10-08-2004 16:31
.
Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2004/odse/sida.html
|