Lettre
ouverte
en réponse au communiqué
de presse
du 9 avril 2004 de la CPAM de Paris
Paris, le 27 mai 2004
Madame la Directrice de la CPAM de
Paris,
Nous avons pris connaissance par la
presse de votre réponse à notre
lettre du 1er avril 2004 au sujet du contrôle de l'état
civil des assurés sociaux sur Paris.
Nous souhaitons, par le présent courrier, vous demander des
précisions quant aux questions que nous vous avions posées
et qui restent sans réponse claire.
Nous souhaitons par ailleurs vous alerter à nouveau sur les
conséquences graves que font courir, à certains assurés
étrangers, des injonctions imprudentes de la caisse et vous proposer
d'organiser une rencontre de travail pour avancer sur ces questions.
Vous indiquez, dans votre communiqué de presse, que les vérifications
d'état civil concernent des assurés pour lesquels apparaît
une discordance entre les documents présentés à
la caisse et le fichier national RNIAM.
Nous vous remercions de bien vouloir nous préciser ce point
et de nous indiquer en quoi les organismes de Sécurité
sociale ont « désormais obligation de vérifier
la conformité de l'état civil... » puisqu'il
s'agit d'une mission « habituelle » des
caisses.
Une information par la Caisse sur l'articulation entre justificatif
d'état civil, immatriculation définitive et accès
à la carte Vitale paraît également indispensable,
afin de permettre aux assurés de mieux maîtriser les enjeux
et l'intérêt des démarches complexes et obscures
auxquels ils sont conviés.
Cela éviterait que des courriers au ton fortement comminatoire
orientent des assurés, notamment étrangers, vers des démarches
imprudentes, et laissent à penser que la caisse poursuit un objectif
de contrôle d'identité prioritairement à sa mission
sociale.
Sur ce point, nous souhaitons vous alerter sur les risques encourus
par les demandeurs d'asile lorsqu'ils se voient demander de produire
un certain nombre de justificatifs.
En effet, vos services ont réclamé à des demandeurs
d'asile (cf. notamment copie ci jointe et courrier précédent),
en vue « d'actualiser [le] dossier et le cas échéant
délivrer une carte VITALE, (
) de (
) communiquer :
-
la photocopie recto-verso [du] titre de séjour
-
un document d'état civil comportant la commune et le
pays de naissance complété par le consulat ou l'ambassade
[du] pays d'origine [souligné
par nous]
-
un relevé d'identité postal ou bancaire (
). »
Ces justificatifs permettent certes de procéder aux vérifications
d'état civil et d'obtenir la carte Vitale.
Toutefois, leur obtention oblige les demandeurs d'asile à entrer
en contact avec les autorités de leur Etat d'origine, ce qui
menace leur sécurité et leur avenir. En effet, les personnes
qui demandent l'asile en France attendent de nos autorités une
protection qu'elles ne peuvent plus obtenir de la part de l'Etat dont
elles sont ressortissantes. Elles n'ont ainsi plus vocation à
s'adresser à leur Etat d'origine pour une quelconque raison.
Sur la base de la Convention de Genève, tout contact avec les
représentants du pays d'origine dans le pays d'accueil annule
une demande d'asile en cours d'examen et fait perdre leur statut aux
réfugiés.
Le cas particulier des demandeurs d'asile justifierait donc que des
courriers type, en matière d'immatriculation et d'état
civil, comportent un avertissement à leur attention.
De même, il serait souhaitable qu'une nouvelle information sur
les risques qu'ils encourent soit adressée à ceux qui
ont précédemment reçu ces courriers, afin qu'ils
ne se rendent ni dans leur consulat, ni dans leur ambassade.
Afin de lever tout malentendu et de faire le point sur les questions
spécifiques aux étrangers et notamment aux demandeurs
d'asile, nous vous proposons de vous rencontrer dans les semaines à
venir.
Persuadés que vous partagerez nos préoccupations et confiants
dans les suites favorables que vous donnerez à nos demandes,
nous vous prions, Madame la directrice de la CPAM de Paris, de recevoir
nos salutations les plus distinguées.
Pour l'ODSE
Didier Maille
Copie CNAMTS
Pour l'ODSE : Act Up Paris, AFVS, Arcat, Catred, Cimade, Comède,
Gisti, Mrap, PASTT, Solidarité sida
Voir aussi
Dernière mise à jour :
11-06-2004 16:56
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Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2004/odse/lettre2.html
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