COMMUNIQUÉ
Mépris et cynisme pour les
anciens combattants marocains
Le secrétaire d'Etat français
en visite
au Maroc confirme les discriminations
Le Secrétaire d'Etat français aux Anciens Combattants,
Hamlaoui Mekachera, et le Haut commissaire marocain aux Anciens Combattants,
El Mostafa El Kriti, ont signé un accord le 12 Février
2004 pour « la préservation d'une mémoire combattante
partagée » [1].
On ne pourrait que se féliciter d'une telle intention si, au
même moment, le gouvernement français ne décidait
de bafouer le droit des anciens combattants ayant servi la France, se
moquant en réalité totalement de leur « mémoire
combattante » et de leur dignité. Le gouvernement
refuse en effet toujours d'appliquer l'égalité de traitement
pour les pensions malgré les condamnations pour discrimination
par le Conseil d'Etat en violation de la Convention européenne
des droits de l'Homme [2].
Le cynisme est porté à son summum par le Secrétaire
d'Etat français qui, sous couvert d'une revalorisation ou « décristallisation »
partielle des pensions des anciens combattants marocains, annonce la
poursuite des discriminations [3].
Par un décret publié le 4 novembre 2003, il justifie le
versement de pensions beaucoup plus faibles aux anciens combattants
non français au moyen de douteux critères de parité
de vie. Mais cet argument contestable invoqué par le secrétaire
d'Etat français n'est finalement qu'une mauvaise farce et un
mensonge de plus : en effet, alors que le Maroc est classé, selon
la Banque mondiale, 3ème Pays en Afrique pour son niveau de vie,
après la Tunisie et l'Algérie, les pensions attribuées
aux anciens combattants marocains par la France seront les plus faibles
de toute l'Afrique ! et cette discrimination sera également appliquée
aux Marocains vivant en France [4].
La « mémoire partagée » ne peut
pas être bâtie sur les discriminations et le déni
de justice à l'encontre des anciens combattants et anciens fonctionnaires,
mais bien sur le respect et l'égalité des droits.
L'Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF),
le Collectif des accidentés du travail, handicapés et
retraités pour l'égalité des droits (CATRED) et
le Groupe d'information et de soutien des immigrés (GISTI) demandent
:
- au gouvernement français de mettre fin aux discriminations
et de respecter les décisions de justice en garantissant l'égalité
de droit pour les anciens combattants ou fonctionnaires.
- au gouvernement marocain de refuser tout marché de dupe
aboutissant à sacrifier ses anciens combattants sur l'autel
des bonnes relations avec la France.
L'ATMF, le CATRED et le GISTI appellent les intéressés,
et tous ceux amenés à les conseiller, à ne pas
se décourager et à entamer des procédures pour
obtenir la totalité de leurs droits, y compris devant les tribunaux.
Des brochures pratiques sont mises à leur disposition dans ce
but [5].
Paris, le 16 février 2004
ATMF
(Association des Travailleurs Maghrébins de France)
CATRED
(Collectif des accidentés du travail, handicapés
et retraités pour l'égalité des droits)
GISTI
(groupe d'information et de soutien des immigrés)
Notes
[1] AFP, 12/02/2004.
[2] Voir « Les
spoliés de la décolonisation », Plein Droit
n° 56, mars 2003.
[3] « Le
gouvernement orchestre la désinformation », communiqué,
23 novembre 2002
« Le
gouvernement cherche à revaloriser a minima les pensions des
anciens combattants étrangers », Le Monde, 10 novembre
2002.
[4] Selon le décret,
le niveau de la pension dépend du lieu de résidence au
moment de la demande de la pension, peu importe la résidence
actuelle du pensionné.
[5] Voir la note
pratique du CATRED et du GISTI, « Égalité
des droits pour les anciens combattants et fonctionnaires »
et la brochure bilingue français-arabe de l'ATMF « Pour
l'égalité des droits entre tous les anciens combattants,
avant qu'il ne soit tard ! » (toutes deux téléchargeables
gratuitement).
Dernière mise à jour :
16-02-2004 16:20
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Cette page : https://www.gisti.org/
doc/actions/2004/combattants/index.html
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