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Les
demandeurs d'asile
bientôt privés du droit au séjour ?
10/03/2004
Le gouvernement se propose de limiter,
par décret, à quatre mois la durée de la domiciliation
associative pour les demandeurs d'asile. Pourtant, cette possibilité
est souvent la seule solution pour justifier de l'adresse indispensable
à leurs démarches dès lors que le dispositif d'accueil
ne permet d'héberger qu'environ 10% d'entre eux. Aujourd'hui,
la majorité survit dans des hébergements de très
courte durée ou à la rue.
Les demandeurs qui n'auraient pas trouvé une résidence
réelle en quatre mois perdraient la preuve de leur droit au séjour
ainsi que les allocations de survie et la couverture maladie qu'il conditionne.
Protégés de tout éloignement par la convention
de Genève jusqu'à ce qu'il soit statué sur leur
demande, ils seraient de nouveaux " sans-papiers en situation régulière
", avec tous les risques que représente la précarité
juridique cumulée à une précarité économique
et sociale.
En outre, pour qu'une association soit à l'avenir autorisée
à domicilier les demandeurs d'asile , elle devrait être
" agréée " par la préfecture ; les associations
courraient donc le risque, comme la réforme récente de
l'asile l'impose déjà à l'OFPRA et à la
Commission des recours, de devoir, sauf à perdre leur agrément,
collaborer à la politique du gouvernement, notamment en matière
d'éloignement des déboutés, alors même que
cette politique irait à l'encontre de la mission d'aide et de
solidarité qu'elles se sont donnée.
Ces nouvelles règles s'inscrivent dans le droit fil de la réforme
de la loi sur l'asile votée le 10 décembre 2003. Tenant
pour acquis que la plupart des demandeurs d'asile sont des " faux
réfugiés " et qu'il est nécessaire de réduire
les délais de procédure, celle-ci limite les possibilités
de solliciter l'asile en France, et permet, par l'utilisation de la
notion de " demande manifestement infondée ", que toute
la procédure soit entièrement traitée sur dossier.
Et maintenant, elle pourrait obliger les demandeurs à séjourner
sur le territoire dans les mêmes conditions qu'un étranger
en situation irrégulière.
On peut craindre qu'à terme, la politique française de
l'asile s'inspire des systèmes en vigueur chez certains de ses
partenaires européens, qui subordonnent le traitement d'une demande
d'asile à l'assignation à résidence des demandeurs
dans un centre ad hoc.
La CFDA rappelle que dans sa plateforme Dix conditions minimales pour
un réel droit d'asile elle défend les principes suivants
: à chaque étape de la procédure d'asile, le demandeur
doit pouvoir être entendu et disposer d'un conseil et d'un interprète
; une instruction correcte des requêtes suppose la mise en place
de moyens adéquats, à tous les niveaux. En matière
d'hébergement, les demandeurs d'asile doivent avoir la liberté
de choisir entre solution individuelle et solution collective en Centre
d'Accueil pour Demandeurs d'Asile (CADA). Pour que ce choix soit réel,
l'offre en places collectives doit être suffisante et le soutien
apporté équivalent dans chacune de ces formules.
Multiplier les exceptions et les procédures accélérées,
poser des obstacles au dépôt des demandes, et organiser
l'irrégularité des demandeurs d'asile peuvent certes constituer
des solutions pour faire baisser le volume de la demande d'asile en
France. Mais au risque évident du renoncement, par notre pays,
du devoir de protection qui demeure cependant le sien.
Le 10 mars 2004
Sont signataires de ce communiqué les organisations suivantes,
membres de la Coordination française pour le droit d'asile :
ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de
la torture), Act-Up Paris, Amnesty International-section française,
CASP (Centre d'action sociale protestant), Cimade
(Service oecuménique d'entraide), Comede
(Comité médical pour les exilés),
FASTI (Fédération des associations de
solidarité avec les immigrés), GAS (Groupe
Accueil Solidarité), GISTI (Groupe d'information
et de soutien des immigrés), LDH (Ligue
des droits de l'homme), MRAP (Mouvement contre
le racisme et pour l'amitié entre les peuples), Association
Primo Levi, Secours catholique (Caritas France),
SNPM (Service national de la pastorale des migrants).
Dernière mise à jour :
17-03-2004 12:51
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Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2004/cfda/séjour.html
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