|
|
COMMUNIQUÉ
L'Europe contre l'asile - suite
En pleine affaire du « Cap
Anamur »,
la France a silencieusement
refoulé d'autres boat people
04/08/2004
Il y a moins d'un mois, un concert de
voix dénonçait l'Italie lors des mésaventures du
« Cap Anamur » et des naufragés recueillis à
son bord [1]. En même temps,
plus silencieusement et plus efficacement, la France refoulait des demandeurs
d'asile sauvés de la noyade.
Le 26 juin dernier, un bateau militaire
français a déposé dix sept naufragés à
Marseille où ils ont été retenus dans la zone d'attente
d'Arenc. Partis de Tripoli sur une petite embarcation, ils avaient chaviré
au large de Malte. Un bateau de pêche les avait sauvés
puis remis au bâtiment militaire.
Parmi eux, treize Congolais de la République
démocratique du Congo, deux Togolais, un Soudanais et une personne
de nationalité inconnue. Tous étaient demandeurs d'asile.
Pour chacun d'entre eux, l'accès au territoire français
au titre de l'asile a été refusé par le ministère
de l'intérieur. Comme presque toujours en zone d'attente (93,2%
des cas en 2003), une étude bâclée effectuée
par le ministère des affaires étrangères avait
conclu que leurs demandes de protection étaient « manifestement
infondée » et ne méritait pas le regard de l'OFPRA.
Les treize Congolais ont été
expulsés vers Kinshasa où ils sont arrivés, en
trois groupes successifs, entre le 10 et le 15 juillet. L'un des Togolais
a été expulsé vers le Nigeria. Le second Togolais
a été condamné à trois mois de prison ferme
et trois ans d'interdiction de territoire français, accusé
de refus d'embarquement. On a perdu toute trace du Soudanais et de la
personne de nationalité inconnue.
Tandis que des marins continuent de
respecter l'antique loi qui fait obligation à tous de protéger
des hommes en péril, les Etats de l'Union européenne ne
s'embarrassent plus du devoir d'asile : ils les renvoient sans vergogne
aux flots tumultueux de la guerre et des régimes non démocratiques.
Paris, le 3 août 2004
Signataires : Association nationale d'aide
aux frontières des étrangers, Cimade, Collectif de soutien
des exilés, Fasti, Gisti, Ligue des droits de l'homme, Syndicat
de la magistrature, Groupe des Dix.
[1]
Communiqué du 17 juillet 2004 « Cap
Anamur, cap au pire : l'Europe contre l'asile se fait sous nos yeux
» signé par Act Up-Paris, CEDETIM, Cimade, Collectif
de soutien des exilés, Coordination nationale des sans-papiers,
Droit au logement, Droits devant, Fasti, Gisti, LCR, Ligue des droits
de l'homme, Mrap, Réseau chrétien-immigrés, Syndicat
de la magistrature, Union syndicale G10, Les Verts.
Dernière mise à jour :
10-08-2004 15:07
.
Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2004/capanamur/boatpeople.html
|