Projet de réforme de l'asile
:
en France comme en Europe
Le dépeçage de la
convention
de Genève sur les réfugiés continue
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14/01/2003 Sangatte
prétexte ? Après la Grande-Bretagne, la France modifie
sa loi sur l'asile. En engageant cette nouvelle réforme, le gouvernement
a franchi une étape de plus dans le dépeçage de
la convention de Genève de 1951 sur les réfugiés,
déjà mise à mal dans la pratique depuis plusieurs
années.
Tout en continuant à s'y référer sur le papier,
la France s'affranchit de ses engagements internationaux en matière
d'asile, au prétexte d'une harmonisation européenne qui,
si l'on en juge par les textes déjà adoptés, consiste
à aligner par le bas les législations des pays de l'Union
européenne : toutes les dispositions positives contenues
dans les propositions présentées depuis trois ans par
la Commission européenne ont été soit rejetées,
soit neutralisées par les États.
Avec l'instauration, à la place de l'asile territorial appliqué
avec tant de réticence qu'il n'a protégé presque
personne, d'une « protection subsidiaire » au
large champ d'application mais aux contours incertains, le projet de
loi ouvre la porte à la généralisation des statuts
précaires et révocables.
Avec l'accélération de la procédure d'asile dont
la durée pourra être limitée à 72 heures !
dans les cas supposés frauduleux, ou si le demandeur est originaire
d'un pays décrété « sûr »,
c'est un véritable dispositif à débouter et à
refouler qui est mis en place.
En prévoyant que ne seront pas recevables les demandes d'asile
de personnes pouvant trouver protection sur « tout ou
partie du territoire de [leur] pays d'origine », le projet
de loi entérine le principe de l'« asile interne »,
selon lequel l'existence de zones sécurisées dans des
régions secouées par les conflits permet aux pays signataires
de la convention de Genève de se défausser de leur responsabilité
à l'égard des populations en quête de protection.
Il est vrai que ce principe longtemps contesté par le Haut Commissariat
des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a été
testé à l'automne, avec l'accord tripartite signé
entre les gouvernements français et afghan et le même HCR,
qui organise le rapatriement aidé (volontaire ou forcé)
des ressortissants afghans dont on estime qu'ils n'encourent désormais
plus de risques dans leur pays.
Combiné avec une politique européenne de « gestion
intégrée des frontières » qui rend de
plus en plus difficile l'accès légal au territoire des
Etats membres des personnes ayant besoin de protection, le projet de
loi sur l'asile du gouvernement Raffarin écorne encore un peu
plus les principes dont se prévaut la France en matière
de droits de l'homme et ouvre encore la voie à une Europe qui
ne veut décidément plus être le refuge des persécutés.
Qu'il soit envisagé de placer l'asile sous tutelle du ministère
de l'Intérieur et non plus du ministère des Affaires étrangères
est à cet égard éloquent.
Paris, le 14 janvier 2003
Dernière mise à jour :
16-01-2003 12:04
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Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2003/asile/depecage.html
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