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Nouvelle taxe OMI sur les étrangers :Et si on faisait payer le « contrat dintégration » par les étrangers ?COMMUNIQUÉ (novembre 2002) La mesure est discrète. Dans le projet de loi de finances pour 2003 le gouvernement a inséré un article 69, dapparence anodine, prévoyant l« instauration d'une taxe au profit de l'Office des migrations internationales (OMI) » (1). A priori il ne sagit que dune taxe supplémentaire sajoutant aux autres sommes dargent exigées des étrangers pour quils sinstallent légalement en France. Tout en contredisant les récents propos du Président de la République sur la volonté de faciliter l« intégration » des étrangers arrivant en France, cette mesure bafoue lÉtat de droit en niant purement et simplement lautorité de la plus haute juridiction administrative. En effet, le 20 mars 2000, le Conseil dÉtat déclarait illégale la redevance que lOMI percevait à loccasion de la visite médicale imposée à tout étranger recevant pour la première fois un titre de séjour car « ce contrôle médical ( ) na pas été institué dans le seul intérêt de ces personnes, mais a essentiellement pour objet la protection de la santé publique » (2). Cette taxation sélevait alors à 360 francs pour les étudiants et les réfugiés, et à 1050 francs pour les autres étrangers. Avant même cette décision de justice, la Cour des comptes relevait dans son rapport annuel de 1997 que « le niveau de cette redevance s'avère très supérieur au service rendu » et que « cette situation est d'autant plus choquante que l'OMI justifie de ressources excédant largement ses besoins ». La ré-instauration, sous une autre forme et à des taux plus élevés (3), de cette taxe est donc inacceptable, tant au regard du droit des étrangers que du respect démocratique des décisions de justice. La Cour européenne des Droits de lHomme, si elle était saisie, pourrait dailleurs juger larticle 69 de la loi de finances pour 2003 incompatible avec les exigences dun procès équitable. Les lois dites « de validation » celles qui interviennent pour contrecarrer une décision de justice ont en effet souvent été condamnées par la Cour de Strasbourg sur ce fondement. Sans présager dune éventuelle condamnation judiciaire, il nest pas acceptable dimposer aux étrangers le paiement dun contrôle médical obligatoire (4) qui ne peut pas davantage être motivé par un prétendu « suivi social » qui se résume la plupart du temps à un simple questionnaire. Cette nouvelle taxation des étrangers est dautant plus inacceptable que, troublant concours de circonstance, elle intervient au moment même où le gouvernement annonce que la gestion du « contrat dintégration » sera assurée par lOMI et reposera sur le dispositif de « plates-formes daccueil » celles-là précisément qui seront financées par la nouvelle taxe. De là à penser que le gouvernement souhaite faire financer par les étrangers eux-mêmes leur intégration contractualisée Faut-il faire remarquer enfin que la baisse des impôts - poursuivie
par le Président de la République envers et contre tous
- ne profitera pas pleinement à tous les contribuables. Ceux
à qui est refusée la qualité de citoyen subiront
une nouvelle discrimination. Comme si la phrase que Louis XIV prononça
lorsque les caisses du Trésor Royal étaient vides retrouvait
toute son actualité : « Et si on faisait payer les étrangers
? » (5)... (1) Larticle devrait être discuté le 14 novembre. (2) Décision du Conseil dEtat du 20 mars 2000 Gisti reproduite sur legifrance (3) Son montant maximum fixé par décret pourra atteindre les 220 euros, soit environ 1450 francs sauf pour les étudiants pour lesquels le plafond est ramené à 70 euros, soit environ 460 francs. Selon le projet, le produit de cette nouvelle taxe devrait sélever, en année pleine, à 16 millions deuros (soit environ 105 millions de francs). (4) Tous les autres contrôles médicaux obligatoires organisés pour des motifs de santé publique sont gratuits (scolaire, militaire ou travail). (5) Cf. Jean-François
Dubost et Peter Sahlins, Et si on faisait payer les étrangers
?, Flammarion, 1999.
Dernière mise à jour :
11-11-2002 19:37
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