COMMUNIQUÉ
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« Le camp
de "réfugiés" de Sangatte »
10/09/2001 Les « réfugiés »
de Sangatte (Pas-de-Calais) majoritairement afghans, irakiens,
iraniens et kurdes de Turquie réapparaissent dans
l'actualité. D'une part, on enregistre une multiplication d'accidents
qui ont entraîné cinq décès en 2001
en raison de tentatives de plus en plus périlleuses de la traversée
de la Manche. D'autre part, Eurotunnel a annoncé le 21 août
2001 son intention de saisir la justice en France et au Royaume-Uni
de la question des pénalités qui lui sont infligées
pour transport de « clandestins » de la France vers
l'Angleterre.
Ces circonstances éclairent les absurdités de la réglementation
visant à la fermeture des frontières en vigueur partout
en Europe. C'est, en effet, à cause de la fermeture des frontières
que les demandeurs d'asile sont a priori considérés
comme des clandestins et les transporteurs comme des délinquants.
Satisfaite de les voir gagner l'Angleterre, la France se contente de
compliquer la poursuite de leur voyage de façon à sauver
les apparences de bon voisinage avec le Royaume-Uni.
Les ministres de l'intérieur britannique et français
vont une fois de plus se rencontrer le 10 septembre 2001 à
propos des « réfugiés » de Sangatte.
Ils ne vont pas manquer de dénoncer, rituellement, les filières
et les mafias qui exploitent les « réfugiés »,
sans s'interroger sur la responsabilité directe de leur politique
de verrouillage des frontières dans le développement de
ce phénomène.
Ils ne manqueront pas d'évoquer non plus l'utilité d'une
harmonisation des politiques de l'immigration et de l'asile en Europe,
dont ils n'imaginent que les aspects dissuasifs et répressifs.
Or, les réfugiés de Sangatte posent la question d'un espace
européen dans lequel les demandeurs d'asile bénéficieraient,
sans contrôles aux frontières, de la liberté de
demander protection où bon leur semble, et dans lequel les réfugiés
reconnus par n'importe quel État pourraient s'installer dans
n'importe quel autre État de l'Union.
Comment la France peut-elle accepter l'idée de créer
des camps, c'est-à-dire de parquer des centaines d'hommes, de
femmes et d'enfants dans des hangars, alors-même que la raison
d'être de ces camps est absurde ?
Si les Afghans, les Irakiens, les Kurdes de Turquie pouvaient librement
solliciter l'asile en Grèce, en Italie, en Allemagne ou ailleurs,
il n'y aurait pas concentration d'exilés en France puis en Angleterre,
et il n'y aurait pas de camp de Sangatte.
Si, une fois leur demande l'asile déposée dans un État
ou un autre, ils avaient la possibilité de circuler librement
en Europe, certains choisiraient probablement de rester dans le pays
qui examine leur requête, d'autres décideraient de séjourner
ailleurs, et, là encore, il n'y aurait pas de camp de Sangatte.
Si, pour avoir une chance de résider en Angleterre comme réfugiés,
ils n'étaient pas contraints de forcément solliciter l'asile
en Angleterre, il n'y aurait ni camp de Sangatte, ni discussions sur
le besoin d'autres camps.
Le respect intégral de la Convention de Genève de 1951
sur les réfugiés, signée par la France, le Royaume-Uni
et tous les États-membres de l'Union, est en définitive
la seule règle de conduite acceptable.
Paris, le 10 septembre 2001.
Dernière mise à jour :
10-09-2001 21:41.
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