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ACTIONS COLLECTIVES
Cet appel contre le renforcement de
l'appareil répressif en Europe est une initiative commune d'ATTACet duSyndicat de la
Magistrature.
Il a été signé par le Gisti.
3 décembre 2001
Après les terribles attentats de Manhattan et de Washington,
la Commission européenne a proposé, le 20 septembre
dernier, aux ministres de l'Intérieur et de la Justice des États
membres de l'Union d'augmenter les pouvoirs d'Europol et d'Eurojust
(services de coopération policière et judiciaire européenne
en matière de lutte contre la criminalité internationale),
d'étendre la définition des actes de terrorisme, et de
supprimer la procédure d'extradition en créant un mandat
d'arrêt européen.
Personne ne peut sérieusement contester la nécessité
de lutter contre le terrorisme. Il aurait cependant été
possible, à cette fin, d'améliorer l'actuelle procédure
d'extradition en supprimant l'exigence d'un décret d'extradition,
de ratifier les conventions d'extradition de 1995 et 1996, et la convention
d'entraide pénale de 2000, toutes mesures qui auraient permis
de renforcer la coopération judiciaire en Europe.
Il aurait également été loisible aux gouvernements
européens d'uvrer pour la transparence des transactions
financières internationales et de s'attaquer réellement
aux paradis fiscaux, en particulier ceux situés en Europe, et
même, pour certains, comme le Luxembourg, l'Autriche et l'Irlande,
membres de l'Union. Tel n'est aucunement le sens des mesures proposées
actuellement au niveau européen : leur efficacité
dans le démantèlement des réseaux terroristes risque
d'être faible, mais elles peuvent gravement remettre en cause
les libertés publiques. Le mandat d'arrêt européen
ne garantit pas suffisamment le maintien d'une procédure contradictoire,
d'une audience collégiale et des voies de recours. Quant à
l'extension de la définition des actes de terrorisme, elle est
porteuse de toutes les dérives. Ainsi, sera désormais
susceptible d'être qualifié de terroriste tout acte qui
vise à « menacer les institutions », à
« porter gravement atteinte » ou à « détruire
les structures politiques, économiques ou sociales »
d'un pays. On le voit, une telle définition peut couvrir des
actes n'ayant qu'un lointain rapport voire pas de rapport
du tout avec le terrorisme.
Les manifestations contre la mondialisation libérale seront-elles
demain considérées comme des actes terroristes parce qu'elle
visent clairement à menacer les structures économiques
de l'Europe ultra-libérale en proposant un autre modèle
de développement ? De plus, les pouvoirs de la police en
Europe vont être étendus sans que soient mis en place les
contre-pouvoirs nécessaires à tout fonctionnement démocratique
des sociétés : par exemple, un parquet européen
pour la diriger, un juge des libertés européen pour la
contrôler ou un corpus pénal d'incriminations communes.
Les signataires s'opposent donc à l'extension de la définition
du terrorisme et à l'institution d'un mandat d'arrêt européen
telles qu'elles sont actuellement envisagées. Ces projets font
encourir à la démocratie des risques majeurs en instituant
des mesures d'ordre essentiellement répressif. Ils demandent
aux gouvernements européens d'organiser de véritables
débats publics contradictoires avant toute adoption de ces mesures.
Ils demandent aux parlementaires d'exercer leurs prérogatives
de contrôle de l'exécutif et de gardiens des libertés
publiques sans se laisser impressionner par des arguments d'urgence
qui peuvent camoufler d'autres préoccupations moins avouables.
Dernière mise à jour :
4-12-2001 21:05
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Cette page : https://www.gisti.org/
doc/actions/2001/attac/repression.html
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