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Les Roumains privés d'asile par la France

Qu'importent les persécutions pourvu qu'on maîtrise les flux migratoires

Communiqué

L'ambassadeur de France en Roumanie, Pierre Menat, a publiquement annoncé, le 6 juillet, que la France avait décidé de priver les Roumains de l'accès à l'asile. Cette inauguration de l'utilisation de la « clause de cessation », introduite dans la loi par la réforme Chevènement en violation de la Convention de Genève (le HCR a rappelé à cette occasion que cette clause ne pouvait s'appliquer qu'aux réfugiés statutaires, mais jamais aux demandeurs d'asile), prend acte d'une réalité qui n'a pas attendu son officialisation : au cours des années 1996 et 1997, la France a reconnu le statut de réfugié à quelque 70 des 9.175 Roumains qui en ont fait la demande, soit un taux de reconnaissance de 0,8% en moyenne. Autrement dit, 99,2% des demandeurs d'asile roumains ont été déboutés au cours des deux dernières années.

Si le taux des rejets mesure le niveau démocratique d'un pays, on se demande pourquoi la France n'a pas accordé plus tôt ce label à la Roumanie, comme vient de le faire le représentant de la France à Bucarest. Pour lui, « les demandes d'asile politique sont acceptées pour les pays où il y a des problèmes de droits de l'homme. Ce n'est pas le cas de la Roumanie, qui est maintenant un pays démocratique ». Il y a fort à parier que là n'est pas la raison. Elle tient beaucoup plus au fait que « en France, sur 100 demandes d'asile politique, un quart viennent de Roumains », comme l'a concédé, dans la foulée, Pierre Menat.

Qu'importe l'appartenance de la majorité des demandeurs d'asile roumains à la communauté tsigane, notoirement victime de violences et de ségrégations diverses en Roumanie (comme d'ailleurs en République tchèque, en Hongrie et dans diverses Républiques de l'ex-Yougoslavie). Et tant pis pour les 70 Roumains qui ont néanmoins obtenu le statut de réfugié. Ce qui prouve que, même aux yeux de l'OFPRA, on peut être Roumain et craindre des persécutions.

Le dogme de la fermeture des frontières, qui vise à endiguer les flux migratoires, ne s'intéresse pas aux causes du phénomène, mais à son volume. Les Tsiganes roumains passent donc à la trappe parce qu'ils sont nombreux, et uniquement pour cette raison.

Ainsi continue à mourir l'asile dans un pays - la France -, qui n'a aucun scrupule à s'arroger encore et toujours le titre de « pays des droits de l'homme ».

Paris, le 13 juillet 1998

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Dernière mise à jour : 8-07-2000 19:51.
Cette page : https://www.gisti.org/ doc/actions/1998/roumains.html


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