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Lettre ouverte au Premier Ministre

Le 24 mars 1997

Monsieur Alain Juppé
Premier ministre
Hôtel Matignon
Télécopie : 01 47 05 97 71

Lettre ouverte

Objet : la protection par la France des ressortissants de plusieurs pays en crise.

Monsieur le Premier Ministre,

la situation au Zaïre parait suffisamment dangereuse aux pays occidentaux, dont la France, pour qu'ils aient entrepris de se donner les moyens d'évacuer de ce pays leurs ressortissants. Le 27 février encore, alors que les ingrédients de la crise actuelle étaient déjà ceux d'aujourd'hui, le ministère de l'intérieur a néanmoins affrété un « charter » de reconduits à la frontière zaïroise vers Kinshasa. Nous voulons savoir — et nombre de Français avec nous, sans doute — si vous avez pris des dispositions pour interdire désormais tout éloignement de Zaïrois et, dans cette hypothèse, quels sont les textes qui les définissent. Si tel n'était pas le cas, nous vous demandons de remédier d'urgence à cette carence et de le faire savoir. Nous espérons également que vous avez donné des instructions de dispense ou de délivrance moins contingentée que d'ordinaire de visas, et que, si ce n'est déjà fait, elles vont être rendues publiques.

Que faites-vous ou qu'allez-vous faire, par ailleurs, en faveur des Albanais présents en France et en faveur de ceux qui voudraient y trouver refuge ?

Nous sommes d'autant plus inquiets que les ressortissants d'autres pays, qui connaissent des violences et des troubles parfois plus dramatiques encore, n'ont bénéficié ni de protections contre l'éloignement, ni de facilités pour obtenir des visas. Près de 20% des reconduits à la frontière et des expulsés de France sont ainsi des Algériens pour lesquels la France n'a délivré que 40 000 visas en 1996 contre 500 000 environ en 1989. Que va-t-il arriver, en matière d'éloignements, quand, à la fin du mois d'avril, Air Algérie reprendra ses vols depuis Paris ? Quant aux Burundais et aux Rwandais, ils ne bénéficient pas davantage, que l'on sache, de garanties particulières. Il suffit, pour s'en convaincre, d'étudier le nombre de statuts de réfugiés reconnus par l'Office de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) à leur profit. A cette liste, on pourrait ajouter bien d'autres nationalités.

Il nous parait particulièrement étonnant que votre gouvernement ait choisi cette période pour publier discrètement au Journal officiel d'un dimanche, le 16 mars 1997, un décret (n¤ 97-236) qui interdit concrètement aux demandeurs d'asile d'obtenir un réexamen de leur requête. Là encore, pourriez-vous expliquer à nous et à l'opinion l'intérêt et l'opportunité de cette mesure ?

Vous remerciant de bien vouloir répondre le plus rapidement possible à nos interrogations et à nos inquiétudes et, surtout, de prendre d'urgence et publiquement les dispositions qui s'imposent si elles n'avaient pas déjà été décidées, je vous prie, Monsieur le Premier Ministre, de recevoir l'expression de ma haute considération,

Danièle Lochak
présidente

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Dernière mise à jour : 8-07-2000 19:43.
Cette page : https://www.gisti.org/ doc/actions/1997/juppe.html


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