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Dossier « Sans-papiers
en Europe »
13/09/2002 Au Conseil européen
de Séville de juin 2002, dont un large volet était
consacré à la future politique commune d'immigration et
d'asile, les droits des principaux intéressés, les ressortissants
des États-tiers, n'ont été évoqués
que de façon marginale.
Quant aux droits de ceux qui sont résidents de fait, appelés
ici sans-papiers, là clandestins, il n'en a été
fait nulle mention.
Une fois de plus, l'essentiel des débats aura porté sur
la surveillance des frontières, les possibilités de réadmission
dans les pays d'origine, la coopération policière dans
la lutte contre l'immigration clandestine. L'Europe, au fur et à
mesure qu'elle se construit, élabore des règles qui, prétend-elle,
visent à « gérer les flux migratoires ».
Fermer aux uns l'accès au territoire européen, organiser
l'entrée des autres ceux dont les économies européennes,
voire les systèmes de retraite, auraient besoin telle
est la « gestion » qui nous est annoncée.
En attendant la grande harmonisation annoncée des politiques
migratoires européennes, dans chacun des États de l'Union
les attitudes se durcissent. En fait de gestion, les réglementations
comme les pratiques administratives sont le plus souvent un cocktail
de répression, suspicion de fraude, déni de droit. De
temps en temps, quand les situations s'exacerbent, quand les mouvements
de sans-papiers suscitent des manifestations de solidarité importante,
les pouvoirs publics procèdent à de grandes régularisations.
Puis recommencent à générer des situations de non
droit pour celles et ceux qui ressemblent à des esclaves du 3ème
millénaire.
Les instances politiques de l'Union européenne, elles, travaillent
à des textes sur le droit au regroupement familial, ou sur des
normes minimales d'accueil des demandeurs d'asile, par exemple, mais
si elles évoquent la nécessité de lutter contre
le racisme et la xénophobie, elles font peu de cas des droits
des résidents étrangers, et surtout aucun cas des résidents
illégaux, fabriqués par des réglementations discriminatoires.
Or, il est temps qu'il soit question, justement, à l'échelle
européenne, d'un droit véritable des migrants.
Car ils sont là. Quelques dizaines, peut-être quelques
centaines de milliers sur l'ensemble du territoire européen.
Autant dire une goutte d'eau au regard du désordre qui règne
sur la planète terre. Une goutte d'eau qui est présentée
comme un raz-de-marée ou un flux insupportable, nourrissant ainsi
xénophobie et racisme.
Ces ressortissants de pays pauvres, instables ou en guerre ont fait
le choix de l'Europe, pour toujours ou pour quelques années.
Ils y travaillent le plus souvent, y élèvent parfois des
enfants, ils y consomment, certains participent à la vie de leur
quartier, agissent dans leur environnement proche. Beaucoup ont un rôle
majeur dans l'aide au développement de leur village ou leur région,
ou tout simplement dans la survie de nombreux proches restés
dans leur pays. Ils contribuent donc et à la richesse économique
et culturelle de l'Europe et au développement du reste du monde.
Il est inadmissible de tolérer que ces personnes, pour certaines
depuis des années parmi nous, restent exclues de tout ce qui
fonde la citoyenneté, vivent dans la crainte permanente d'être
refoulées, se voient privées de droits élémentaires,
et soient la proie de criminels de toutes sortes : employeurs illégaux,
propriétaires de logements indignes, proxénètes,
etc.
L'argument d'irréalisme opposé à ceux qui s'indignent
du sort qui leur est fait a été démonté
depuis longtemps : les sans-papiers européens sont là
parce qu'ils trouvent à s'embaucher, et s'ils avaient de véritables
droits, ils pourraient cotiser aux systèmes de protection sociale,
et beaucoup créeraient des activités et des emplois. Le
risque de provoquer « un appel d'air » n'a, lui,
jamais été démontré, et rien ne dit qu'en
favorisant la libre circulation aux portes de l'Europe on n'assisterait
pas à des mouvements dans les deux sens, avec le départ
spontané de certains de ceux qui viennent ici tenter leur chance.
Ce qui est sûr, en revanche, c'est que le respect des valeurs
d'États de droit implique la lutte contre toute forme d'inégalité,
et ne peut s'accommoder de sous-statuts conférés à
certains.
C'est pourquoi nous pensons juste de réclamer :
-
que tous les résidents de fait sur le territoire de l'Union
européenne obtiennent, là où ils sont, un titre
de séjour ;
-
que les instances politiques européennes fassent obligation
aux États-membres de protéger ces personnes contre
ceux qui cherchent à les exploiter, et de leur garantir l'accès
aux droits qui découlent de leur présence et de leur
travail ;
-
que les États de l'Union Européenne décident
de mesures visant à éradiquer les situations d'étrangers
sans titre ni droit, en instaurant un statut de résident
européen ;
-
que l'Europe intègre dans ses principes le droit à
la liberté de circulation pour tous, ressortissants des États
de l'Union comme ressortissants d'États-tiers ;
-
que dans l'immédiat soit réglé le sort des
actuels sans-papiers, par une directive qui oblige les États-membres
à procéder à une régularisation de tous.
13 septembre 2002
Signataires :
Belgique - Collectif Solidarité contre l'Exclusion, CADTM (Comité
pour l'Annulation de la dette du Tiers Monde), CRACPE (Collectif de Résistance
Aux Centres Pour Etrangers), Décembre 18, HAND-in-HAND, Kairos Europe,
LDH Belgique francophone (Ligue des droits de l'Homme), MRAX (Mouvement contre
le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie), Le Piment, Universal
Embassy
Deutschland - Agisra-Köln (Arbeitsgemeinschaft gegen Internationale
sexuelle und Rassistische Ausbeutung), Antiracism Office Bremen, Arbeitskreis
zur Unterstützung von Asylsuchenden e.V., Asyl in der Kirche, AWO (Arbeiterwohlfahrt
Bundesverband - Bonn), FIZ (Fraueninformationszentrum für Frauen aus Afrika,
Asien, Lateinamerika und Osteuropa), Fluchtlingsinitiative Bremen, FRC (Flüchtlingsrat
im Kreis Coesfeld), IBIS-Interkulturelle Arbeitsstelle für Forschung, ILA
(Informationsstelle Lateinamerika), Interkulturelles Frauenzentrum SUSI, JungdemokratInnen/Junge
Linke Landesverband Berlin, Kanak attak, Komitee für Grundrechte und Demokratie,
MediNetz Bremen, Medizinische Flüchtlingshilfe Bochum e.V., MigrantInnen,
Promondial (Organisation für emanzipatorische Zusammenarbeit), Remedio
e.V., Solidaritätsnetz Bern und Umgebung für menschen ohne geregelten
Aufenthalt, Verein zur Foerderung und Integration auslaendischer Jugendlicher,
Zentralamerikakomitee
España - Asociación familiar Rondilla, Asociación
pro derechos humanos de andalucía, Fundación Etnopolis, Los Verdes
de Andalucía, SOS Racisme Catalunya, SOS Racismo España
France - AC ! (agir ensemble contre le chômage !), Acort (assemblée
citoyenne des originaires de Turquie), Act-Up Paris, AFJD (association française
des juristes démocrates), Alternative couleur citoyenne, Alternative
Libertaire, AMF (association des marocains de France), ASTTu (association de
solidarité avec les travailleurs turcs), ATF (Association des Tunisiens
en France), ATMF (association des travailleurs maghrébins de France),
ATTAC (Association pour la Taxation des Transactions pour l'Aide aux Citoyens),
Ballon Rouge, Casss-papiers Brest (collectif d'action de soutien et de solidarité
avec les personnes sans-papiers de Brest), Catred (Collectif des accidentés
du travail, handicapés et retraités pour l'égalité
des droits), Cedetim (centre d'études et d'initiatives de solidarité
internationale), Cnafal (conseil national des associations familiales et laïques),
Collectif arabe des sans-papiers de Marseille, Collectif Corrézien de
Soutien aux Sans-papiers, Collectif de soutien à la démocratie
et aux victimes de la violence politique en Algérie, Collectif de soutien
aux demandeurs d'asile et sans-papiers, Confédération paysanne,
Collectif Portugais Pour Une Pleine Citoyenneté, Comité des Femmes
Arabes de France, Coordination nationale des sans-papiers, Cultures & Citoyenneté,
Dal (Droit au logement), Droits Devant !!, École Émancipée,
Emmaüs Aquitaine, Emmaüs Insertion, Emmaüs Développement,
Fasti (fédération des associations de solidarité avec les
travailleurs immigrés), Fédération Artisans du Monde, Femmes
de la terre, FGTE-CFDT (fédération générale des
transports et de l'équipement - CFDT), FCE (Forum Civique Européen),
FTCR (fédération des Tunisiens de France pour une citoyenneté
des deux rives), Gisti (groupe d'information et de soutien des immigrés),
La Marmite, LDH (Ligue des droits de l'homme), Longo maï, Migrant contre
le Sida, Migrations Santé, Moi sans toit, Mrap (Mouvement pour la réconciliation
et l'amitié entre les peuples), Odu (observatoire du droit des usagers),
Pays d'Allier-Solidarité Afrique, Ras l'front, Sud Culture, Sud Éducation,
Sud PTT, Sud Rail, Turbulences
Hellas - Antiratsistiki Protovoulia Thesalonikis, CGC (Communauté
congolaise de Grèce), Diktio Koinwnikis Ypostirixis Prosfigwn kai Metanastw,
Sudanese Community in Greece, Turkish minority movement for human and minorities
rights
Italia - ASGI (associazione studi giuridici sull'immigrazione), Associazione
Cancelaria - Donne immigrate, Associazione delle Donne del Tigray, Avvocati
contro la guerra, CDS (Casa Diritti Sociali), CESTIM (Centro Studi Immigrazione),
CIAC (Centro Immigrazione Asilo e Cooperazione), CIE (Centro d'Iniziativa per
l'Europa), Coordinamento giuristi democratici, CRED (Centro di ricerca ed elaborazione
per la democrazia), CRESM (Centro di Ricerche Economiche e Sociali per il Meridione),
Filcams- Cgil (Federazione Italiana Lavoratori Commercio Turismo e Servizi -
Confederazione Generale Italiana del Lavoro), Filef Lombardia (federazione Italiana
Lavoratori migranti e famiglie), Liberimigranti, Lunaria, Naga, sindacato CIB.
UNICOBAS, sindacato UNICOBAS SCUOLA, Todo Cambia, Trama di Terre, UCODEP (immigrazione
e lotta alla discriminazione)
Nederland - The Commission JPIC (Justice Peace Integrity of Creation)
of the Missionaries of Africa, Sans-papiers au pays bas
Österreich - ANAR (Austrian Network Against Racism), BDFA (Bunte
Demokratie für Alle), Die Bunten, SOS Mitmensch
Portugal - African Cultural Centre from Setúbal , SOS Racismo
Portugal
Switzerland - Centre de contact suisses-immigrés/SOS Racisme,
CSSI (Commission socialiste de solidarité internationale), Mouvement
suisse des sans-papiers, Syndicat Comedia
United Kingdom - Campaign Against Racism and Fascism, Colombia Peace
Association, Globalise Resistance, Ilpa (Immigration Law Practitioners' Association),
NNRF (Nottingham and Notts. Refugee Forum), Kalayaan (Justice for migrant domestic
workers), TERF (Trans-European Roma Federation), National Coalition of Anti-Deportation
Campaigns
International structures - AEJDH (association européenne des
juristes pour la démocratie et les droits de l'homme dans le monde),
Collectif Romeurop, Coordination européenne pour le droit des étrangers
à vivre en famille, ENAR (European network against racism), FIDH-AE (Association
européenne pour la défense des droits de l'Homme), MRI (Migrants
Rights International), PICUM (Platform for International Cooperation on Undocumented
Migrants), Réseau européen des Euromarches, UNITED for Intercultural
Action (European network against, nationalism, racism, fascism and in support
of migrants and refugees)
Political formations supporting the call - PRC (partito della rifondazione
comunista - Italia), Comitato per i diritti dei migranti e popoli (Italia),
Giovani Comunisti federazione del PRC (Italia), KPÖ (Kommunistische Partei
Österreichs), LCR (Ligue communiste révolutionnaire - France), Les
Piments Rouges (Belguim), The Greens | European Free Alliance
Les
nouvelles signatures d'organisations (pas de signatures individuelles)
sont à envoyer par fax au 00 (33) 1 43 14 60 69 ou par mail à
gisti [AT] gisti.org .
Dernière mise à jour :
3-11-2002 17:10
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Cette page : https://www.gisti.org/
dossiers/sans-papiers/fr/appel.html
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