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Plein Droit n° 58,
décembre 2003
« Des camps pour étrangers » Migreurop :
un réseau contre
l« Europe des camps »
De nombreux militants pour le droit des étrangers ont vu dans
la médiatisation du camp de Sangatte, au cours de lannée
2000, une magistrale illustration de labsurdité des politiques
migratoires européennes. Les effets des entraves à la
circulation des personnes et du refus daccueillir les migrants
et les réfugiés éclataient au grand jour. Dordinaire
invisibles car dispersés tout le long des frontières ou
cantonnés dans des lieux tenus cachés, ils devenaient
soudain visibles de par leur concentration dans ce seul (non)-lieu où
ils étaient tolérés.
Très vite, il est apparu que le camp de Sangatte, loin dêtre
une exception, nétait quun rouage dans les mécanismes
dune Europe pratiquant à grande échelle la mise
à lécart des étrangers. Le besoin de partager
réflexions et expériences a conduit à lorganisation,
en novembre 2000, dun séminaire sur l«
Europe des camps » au Forum social européen (FSE)
de Florence. Cest alors quest né Migreurop, réseau
européen de militants et chercheurs dont lobjectif est
de faire connaître la généralisation de lenfer-mement
des étrangers dépourvus de titre de séjour et la
multiplication des camps, dispositif au cur de la politique migratoire
de lUnion européenne.
Le travail du réseau sarticule autour de quatre axes :
-
Rassembler des informations sur une réalité difficile
à saisir, du fait dune certaine volonté de dissimulation,
mais aussi de léchelle géographique du phénomène
(les camps au sud du Maroc sont ainsi un effet collatéral
des politiques de partenariat privilégié de ce pays
avec lUnion européenne).
-
Nommer une réalité multiforme qui ne saurait se
réduire à limage classique du camp entouré
de barbelés. Un camp, au sens où lentend Migreurop,
peut éventuellement être un processus et non un espace
physique : la mise à lécart et le regroupement
des étrangers ne se traduit pas simplement par la création
de centres fermés. L « Europe des camps »
cest lensemble des dispositifs qui constituent des points
dinterruption forcée dans des itinéraires migratoires.
Empêcher des personnes de passer une frontière, dentrer
sur un territoire, les assigner à « résidence »,
soit légalement, soit par harcèlement policier, les
enfermer pour sassurer de la possibilité de les renvoyer,
les emprisonner pour les punir dêtre passées,
telles peuvent être, parmi dautres, les multiples formes
de cette « Europe des camps ». Aujourdhui,
le camp policier peut aussi apparaître déguisé
sous les habits de la nécessité humanitaire :
malgré un discours officiel compassionnel et euphémisant
, il ne sagit pourtant que de lenvers dune même
politique européenne de mise à lécart
des étrangers.
-
Faire connaître l« Europe des camps »
et les mobilisations qui sy opposent en utilisant tous les
moyens de diffusion à notre disposition. Du séminaire
scientifique aux photos dartistes, de larticle au site
internet, lensemble des medias doit être utilisé
afin que personne nignore que le « grand enfermement »
et le « grand éloignement » des étrangers
sont une réalité dans lUnion européenne
actuelle.
- Agir à léchelle européenne pour mobiliser
contre l« Europe des camps » en
favorisant les échanges entre des groupes aux pratiques et
objectifs multiples, mais qui peuvent ponctuellement agir ensemble
ou côte à côte.
Contacts
Pierre-Arnaud Perrouty (MRAX, Belgique) : 00 32-(0)2-209 62 59 pa.perrouty[arobase]mrax.be
Caroline Intrand (Cimade, France): 00 33- (0)1 44 18 72 65 caroline.intrand[arobase]cimade.org
Migreurop
a un site web
Adresse :
Migreurop, c/o GISTI, 3 villa Marcès, 75011 PARIS - France.
Dernière mise à jour :
12-01-2004 13:31
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Cette page : https://www.gisti.org/
doc/plein-droit/58/migreurop.html
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