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Plein Droit
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Plein Droit n° 46, septembre 2000 Polygamie : mieux vaut tardÀ propos
de la récente
circulaire Parmi les étrangers vivant en France « en état de polygamie », « certains peuvent se prévaloir dune ancienneté de séjour dans notre pays souvent supérieure à dix ans et donc dune atteinte disproportionnée au droit au respect de leur vie privée, en raison des liens établis en France, si le préfet refuse de leur accorder la possibilité de rester légalement sur notre territoire ». (Jean Pierre Chevènement, alors ministre de lintérieur, en réponse à une question écrite du député Thierry Mariani, JO AN, 28 août 2000). Discours de bon sens. Il aura pourtant fallu attendre sept ans Retour en arrière. 1993 : la loi Pasqua introduit, dans lordonnance du 2 novembre 1945, des dispositions destinées, dit-on, à combattre la pratique de la polygamie en France (il va de soi que seule la polygamie pratiquée par des ressortissants étrangers est visée) : interdiction de faire venir plus dune épouse par le biais du regroupement familial, ainsi que les enfants nés dune autre épouse que celle déjà présente en France, retrait du titre de séjour délivré par mégarde à une seconde épouse, retrait aussi, dans ce cas, du titre de séjour de lépoux polygame. Après avoir dénoncé le caractère démagogique de ces mesures et limportance disproportionnée donnée à un phénomène statistiquement très marginal au sein de la communauté étrangère vivant en France (1), le Gisti sétait insurgé contre la manière aveugle et sans nuances avec laquelle elles étaient mises en uvre, avec laval du conseil dÉtat (2). Car, si lon pouvait voir dans le nouveau dispositif un moyen de tarir, pour lavenir, la source de linstallation de familles polygames en France, rien, en revanche, ne justifiait de lui donner une portée rétroactive. Pourtant, des familles entrées tout à fait légalement en France avant 1993 se sont vu, à échéance, refuser le renouvellement de leur carte de résident pour cause de polygamie, sans quy soit substitué le titre de séjour temporaire qui leur aurait permis de se maintenir régulièrement sur le sol français. Alors que, dans la plupart des cas, il sagit détrangers par ailleurs « protégés de léloignement » parce que parents denfants français ou du fait de leur ancienneté de présence en France. En 1997, Plein Droit soulignait : « si lon condamne la polygamie, cest au nom de légalité des sexes et de la dignité des femmes. Or, sous couvert de lutter contre la polygamie, on pénalise dabord les femmes. Mais on pénalise aussi les enfants, parfois de nationalité française, qui ont vocation à vivre en France. Quel sort réserve-t-on à ces enfants dont les parents, sils ne sont pas expulsés, ne pourront pas travailler et ne bénéficieront daucune protection sociale ? » (3) Tardif écho du ministre de lintérieur, en 2000 : « [ ] par ailleurs, les étrangers polygames qui sont parents denfants français sont protégés, comme les enfants mineurs, contre toute mesure déloignement [ ]. La prise en compte combinée [ ] de différentes obligations juridiques a été réalisée à la suite dune réflexion menée avec les services du ministère de lemploi et de la solidarité et du secrétariat dÉtat à la coopération et des associations dans le but dintégrer ces familles à la société française, qui naccepte pas la polygamie, tout en protégeant notamment les droits des femmes et des mineurs. En outre, la nécessité économique dans laquelle se trouvent, le plus souvent, les intéressés de subvenir aux besoins de leurs enfants a été prise en considération dans la décision daccorder à ces personnes [il sagit des étrangers qui avaient le statut de résident avant 1993] un titre leur permettant de travailler. » (Ces mesures sont détaillées dans une circulaire du ministre de lintérieur relative au renouvellement des cartes de résident obtenues par des ressortissants étrangers polygames avant lentrée en vigueur de la loi du 24 août 1993, 25 avril 2000, non publiée). Notes(1) Gisti, Légiférer pour mieux tuer les droits, juin 1993. (2) Une solution juridique particulièrement contestable, Plein Droit n° 36-37, déc. 1997. (3) Polygamie : ne pas se tromper de combat !, Plein Droit n° 36-37, déc. 1997.
Dernière mise à jour :
18-09-2001 13:00. |