ANAFÉ
Association nationale d'assistance aux frontières
pour les étrangers
À propos des mineurs isolés
en zone d'attente
19/09/2000 L'Association Nationale
d'Assistance aux Frontières pour les Étrangers a pris
connaissance du projet du gouvernement tendant à modifier les
dispositions figurant à l'article 35 quater de l'ordonnance
du 2 novembre 1945. L'une des hypothèses serait de reconnaître
la capacité juridique aux mineurs de plus de 16 ans et de
désigner un administrateur ad hoc pour les plus jeunes lorsqu'il
s'agit d'étrangers se présentant aux frontières
portuaires ou aéroportuaires. L'objectif du gouvernement est
de prolonger leur maintien en zone d'attente.
L'ANAFÉ voit dans ce projet de loi une double discrimination :
d'une part, la différence de traitement entre les mineurs selon
qu'ils ont plus ou moins de seize ans serait contraire aux engagements
internationaux souscrits par la France en matière de protection
de l'enfance, notamment la Convention Internationale des Droits de l'enfant ;
d'autre part, en réservant un statut spécifique aux seuls
mineurs étrangers qui se présentent aux frontières
portuaires et aéroportuaires, il précarise les plus démunis
et ceux qui on le plus besoin de protection parmi les arrivants.
Pour l'ANAFÉ, tout étranger se déclarant mineur
doit être présumé comme tel et sa minorité
ne peut être remise en cause que par une décision de justice.
Dès lors qu'un mineur étranger se présente seul
aux frontières, une situation de danger doit être présumée,
qu'elle soit liée à des motifs politiques, personnels
et familiaux.
Cette double présomption doit conduire la police aux frontières
à aviser immédiatement le Procureur de la République,
afin qu'une tutelle soit mise en place dans les plus brefs délais.
Compte tenu de la gravité de la situation, la tutelle est la
seule mesure appropriée aux nécessités de l'enfant
en danger. Celle-ci doit conduire soit à un accueil du mineur
sur le territoire français dans des conditions conformes au dispositif
existant relatif à la protection de l'enfance, soit à
un retour vers le pays où les parents ont été retrouvés,
selon des modalités adaptées à ses besoins particuliers.
Aucun mineur isolé ne peut en conséquence être
placé en zone d'attente. En effet, il risque d'être refoulé
à tout moment, ce qui est manifestement contraire à l'ordonnance
du 2 novembre 1945 qui prohibe toute mesure d'éloignement.
Son réacheminement est en outre décidé vers le
pays de provenance, avec lequel il n'a souvent aucune attache si ce
n'est pas celui d'origine.
Paris, le 19 septembre 2000
Associations membres de l'ANAFÉ
Amnesty International, section française -
Association des juristes pour la reconnaissance des droits fondamentaux
des immigrés - Cimade, service cuménique d'entraide
- Comité médical pour les exilés - Comité
rhodanien d'accueil des réfugiés et de défense
du droit d'asile - Fédération des associations de solidarité
avec les travailleurs immigrés - France terre d'asile - Groupe
d'accueil et de solidarité - Groupe d'information et de soutien
des immigrés - La maison de l'immigration - Ligue française
pour la défense des droits de l'homme et du citoyen - Migrations
santé - Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre
les peuples - Fédération des syndicats de travailleurs
du rail solidaires, unitaires et démocratiques - Syndicats des
avocats de France - Syndicat de la magistrature - Syndicat CFDT des
personnels assurant un service Air-France - Syndicat CFDT des personnels
assurant un service Aéroports de Paris - Syndicats des pilotes
de l'aviation civile - Union régionale Ile-de-France CFDT
Dernière mise à jour :
20-11-2001 20:30
.
Cette page : https://www.gisti.org/doc/actions/2000/anafe/mineurs.html
|